C’est dans ce contexte que se déroule la campagne des élections présidentielles et législatives. Le Président de la République compte profiter de ce contexte pour se faire réélire en se présentant comme « le protecteur » dans le cadre d’un débat organisé entre des droites. Une majorité de nos concitoyens pense qu’il va être réélu haut-la-main, mais une minorité le souhaite. Autrement dit, une partie de l’électorat, même à gauche, cherchera à déjouer ce piège. L’enjeu d’une mobilisation qualitative se pose de manière nouvelle à une poignée de semaines du premier tour des élections présidentielles. Le débat pour ces élections doit avoir lieu.
Empêcher l’étouffement du débat présidentiel et mener le combat pour la paix
Tout doit être fait à la fois pour obtenir le retrait de l’armée russe, refuser l’escalade militaire et pour réunir une conférence pour la paix et la sécurité de l’Europe, de l’Atlantique à l’Oural.
La dramatique situation de guerre en Europe ne doit pas étouffer le débat démocratique indispensable pour l’élection du Président de la République, puis celle des députés. Au contraire, la situation accentue la nécessité de la controverse politique. Les enjeux sont en effet immenses. Or, après deux années de pandémie, cette guerre risque de faire passer au second plan ce nécessaire débat démocratique préparatoire aux élections présidentielles et législatives. Elle valide malheureusement le sentiment d’une élection jouée d’avance. Notre démocratie se voit amputée du débat indispensable à l’exercice de la citoyenneté de chacune et chacun.
La confrontation démocratique indispensable
Le refus du candidat-président de débattre avec les autres candidats empêche une confrontation claire et loyale. Pourtant, le débat démocratique est la deuxième jambe d’une citoyenneté humaine, pleine et entière, avec la solidarité envers les populations ukrainiennes qui s’exprime dans les rues, qui s’organisent notamment avec les collectes de produits de première nécessité.
Les enjeux en débat sont majeurs pour notre pays, l’Europe et la paix : l’accueil sans tri aux frontières des réfugiés ; le rôle de la France pour des relations internationales démilitarisées et un nouvel espace planétaire harmonieux, juste et libre ; l’action de notre pays pour la construction d’institutions internationales, rénovées et démocratisées, capables, dans un monde multipolaire, de construire un avenir débarrassé de l’arme atomique.
Dans ce contexte, banaliser l’absence de confrontation sur les projets présidentiels est d’une extrême gravité. On ne peut accepter un seul choix par défaut face aux divers courants des droites extrêmes, nationalistes, xénophobes, antisémites et guerrières. Les calculs et les tactiques politiciennes ne devraient pas s’imposer quand l’apocalypse nucléaire et l’apocalypse climatique menacent l’humanité.
Prendre le flambeau de la paix et de la sécurité humaine
Apocalypse nucléaire : l’actualité montre à quel point le concept « d’équilibre de la terreur », avec son accumulation par une infime minorité de pays d’armes nucléaires, peut aboutir à l’anéantissement de l’humanité. Cela ne garantit pas la paix, mais pousse aux confrontations, à la militarisation aux prix de dépenses astronomiques dans des œuvres de mort quand les moyens pour les actions de vie font tant défaut.
Que n’accorde-t-on enfin la priorité au droit pour toutes et tous à l’alimentation, à l’eau, à la santé, à l’énergie, à l’éducation, à la culture. Aucune initiative n’a été prise par les présidents français successifs pour la réduction des arsenaux nucléaires jusqu’à l’élimination, partout, de la bombe atomique.
Souvenons-nous. Si la décision de la dissolution de l’OTAN avait été prise au moment de la disparition de l’alliance militaire du « pacte de Varsovie », en serions-nous là aujourd’hui ?
Mesure-t-on à quel point les désastres provoqués par les interventions militaires de l’Alliance atlantique sous commandement nord-américain conduisent aujourd’hui à des fractures profondes dans le monde et à un rejet massif de « l’occident » dans plusieurs régions sur la planète.
Alors que le risque d’embrasement menace, pendant plusieurs jours les États-Unis ont jeté de l’huile sur le feu, poussant à l’élargissement du conflit en Europe, en proposant l’utilisation d’avions de combat postés en Pologne pour intervenir aux côtés des Ukrainiens. Dans quel but, alors que le fauteur de guerre russe menace de considérer comme belligérant tout pays duquel s'envolerait un avion militaire vers l’Ukraine ?
Pourquoi n’y a-t-il pas de réprobation des pays de l’Union européenne ? Pourquoi les autorités françaises déploient-elles des troupes en Roumanie et mobilisent-elles le porte-avion Charles-de-Gaulle au large de Chypre, sous commandement de… l’OTAN ? On sait quand commence la logique de guerre. Jamais quand elle finit.
À quelques semaines du premier tour de l’élection présidentielle, la stratégie pilotée par un président chef des armées, nécessite pour le moins un débat contradictoire et public sur ces problèmes.
Apocalypse climatique : une terrible concordance des temps veut que le GIEC ait publié quelques jours après le déclenchement de la guerre en Ukraine, un nouveau rapport encore plus alarmant sur les dangers irréversibles pour l’espèce humaine des bouleversements climatiques. Plus de la moitié des habitants de la planète risquent d’être confrontés aux périls des sécheresses, des inondations, des pénuries alimentaires et de maladies nouvelles.
On le voit donc, le mode de développement capitaliste basé sur la loi du plus fort, la concurrence et la guerre économique poussent l’humanité vers l'abîme. Pourquoi ces débats fondamentaux sont-ils interdits ? Pourquoi ont seulement voix au chapitre les basses polémiques et les conditions de gestion du système pour que rien ne change ?
C’est pourtant grâce au dépassement de ce capitalisme sans borne, dans l’intérêt de l’humanité, que la civilisation pourra faire face à des périls qui menacent son existence.
Empêcher l’apocalypse climatique oblige à repenser et restructurer les politiques industrielle, énergétique et agricole, les conceptions de la ville, de la ruralité et de la mobilité. C’est en ce sens que nous proposons, pour que vivent les biens communs humains, plus de services publics et d’appropriations sociale, citoyenne et démocratique des leviers essentiels de l’économie.
L’auto-reconduction, c’est vivre plus mal demain
Face à de tels défis, la seule solution ne saurait être de résumer notre devenir à l’auto-reconduction de l’hôte actuel de l’Élysée, tout entier tendu au maintien du monde d’hier, celui qui enferme les capacités des individus dans la domination du capital privé.
L’heure est à l’émergence d’un processus populaire démocratique pour la sécurité globale, la sécurité de vie pour chacune et chacun, pour l’environnement et la planète. De façon inédite dans l’histoire, les capacités matérielles, scientifiques, technologiques, culturelles et humaines existent pour affronter ces défis d’avenir.
Or, la mondialisation capitaliste et la militarisation poussent la planète et ses habitants dans une insécurité de vie totale permanente.
Insécurité face au travail. Insécurité sanitaire et alimentaire. Insécurité énergétique. Insécurité démocratique. Insécurité du droit à l’éducation, à la formation et d’accès à la culture.
La pandémie et maintenant, cette guerre inexcusable montrent à quel point la mondialisation capitaliste et le système de domination et de prédation avec son internationale des oligarques, membres de la petite caste des privilégiés assistés de leurs porte-voix médiatiques aggravent les interdépendances à l’énergie comme à l’alimentation. N’est-ce pas eux qui en ont décidé ainsi, nous vantant il n’y a pas si longtemps la mondialisation heureuse ? Quelles leçons en tire-t-on ? Qui en subit durement les conséquences ? Les travailleurs et les peuples ! Ils le paient en chômage et en détérioration de leurs conditions de vie avec une hausse ininterrompue des prix. Les seuls gagnants sont les spéculateurs et les marchands d’armes, unis, eux, dans la recherche des profits financiers maximum. Et si nous n’y prenons garde, la guerre servira demain de prétexte à des tours de vis supplémentaires.
Les premières annonces contre les travailleurs et la démocratie
C’est ce qu’a commencé à annoncer le candidat–président avec le recul de la retraite à 65 ans. C’est ce qu’il continuera à expliquer au nom de l’augmentation de la dette et de la nécessité d’augmenter les dépenses militaires. On peut s’attendre à l’annonce en plein été d’une modification budgétaire visant à augmenter le budget des armées.
L’annonce de supprimer la redevance télévision est dangereuse. Elle peut conduire à mettre le service public plus à la botte du pouvoir. Elle peut aussi ouvrir la voie a une privatisation partielle ou totale du service public de l’audio-visuel au nom des nécessaires économies à réaliser.
Un débat sur la reconquête industrielle, agricoles, énergétique
Les moyens de notre pays pour reconquérir ses souverainetés, industrielle, agricole, sanitaire, énergétique doivent être mis en débat.
Notre combat inflexible pour que se taisent les armes doit aller de pair avec un débat réel et approfondi sur les moyens de laisser un monde vivable aux générations futures. Nous militons pour un monde de paix et de sécurité, dénucléarisé. Tout le contraire de la militarisation accrue. Pour le bien-être humain, pour une planète durable et vivable, le débat présidentiel et législatif, projet contre projet, doit avoir lieu !