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26 septembre 2022

Yann Fievet - [Cultures] "Mélenchon, le populisme et l’histoire", par Federico Tarragoni et Déborah Cohen

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[Cultures] "Mélenchon, le populisme et l’histoire", par Federico Tarragoni et Déborah Cohen

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lundi 26 septembre 2022

Politique
Mélenchon, le populisme et l’histoire

Par    Federico Tarragoni et Déborah Cohen
Sociologue, Historienne


Régulièrement attaqué sur son rapport à la République, Jean-Luc
Mélenchon est dépeint par ses adversaires politique comme aspirant à
devenir le Chavez français. Son populisme, sa volonté d’incarner « le
bruit et la fureur » menaceraient les institutions républicaines dans
leurs fondements. Pourtant, le rapport au peuple de Mélenchon trouve ses
sources dans une interprétation de la Révolution française qui fait du
peuple l’acteur de l’histoire s’écrivant. Une interprétation qui
s’inscrit pleinement dans la tradition républicaine.


Sur BFM-TV, Anne-Hidalgo disait en 2020 ne pas pouvoir se retrouver dans
une candidature de Jean-Luc Mélenchon, au motif de ses « ambiguïtés »,
de son « jeu, avec les questions républicaines ». Cette antienne a été
largement reprise ce printemps. Or, quoi que l’on puisse penser de
Jean-Luc Mélenchon, cette accusation relève soit de la mauvaise foi,
soit d’une définition tout à fait torve de la tradition républicaine.
Elle va avec une manière d’assimiler le leader de La France Insoumise
(LFI) aux modèles chaviste ou castriste, fantasmés comme autant de «
dictateurs révolutionnaires »[1]. Or, Mélenchon pense le cycle des
révolutions sud-américaines d’abord comme « des révolutions citoyennes »
et humanistes[2] – « le cas vénézuélien », écrit-il dans Le Choix de
l’insoumission, « va me faire regarder autrement bien des choses »[3].

Enclenchées en Amérique latine en réaction à l’implémentation des
programmes néolibéraux d’ajustement structurel, ces révolutions se
situent dans la continuité politique du modèle socialiste, mais
préfigurent une nouvelle réalité globale du XXIe siècle : la
concentration des populations urbaines et la nouvelle centralité des
luttes pour les biens communs, les services publics et le pouvoir d’agir
des citoyen-ne-s. Comme l’écrit Mélenchon : « La révolution citoyenne,
ce n’est pas l’ancienne révolution socialiste. Certes, elle inclut
nombre de tâches qu’elle voulait prendre en charge : la lutte pour
l’égalité du bien-être, le contrôle collectif des biens communs,
l’éducation de tous, et ainsi de suite. Mais la révolution citoyenne
vise des objectifs plus amples. Ceux de l’intérêt général humain. Son
programme part de l’évaluation des rapports de l’humanité avec
l’écosystème et des tâches qui en découlent. Elle est dite « citoyenne »
parce qu’elle désigne l’acteur qui l’accomplit et qui doit en rester le
maître : le citoyen[4]. »
Révolutions citoyennes et humanistes : cette double caractérisation du
peuple révolutionnaire – aspirant à faire valoir sa citoyenneté dans la
révolte contre l’oligarchie, et affirmant sa commune humanité contre
ceux qui le vouent à des conditions de vie indignes – montre
l’inscription de Mélenchon dans la tradition républicaine ouverte par la
Révolution française. Celle-ci constitue la référence historique
centrale de son républicanisme, placé dans la continuité de Jaurès : «
Ma belle patrie républicaine porte en elle la lumière que contient son
histoire. Je fais donc miens les mots de Jean Jaurès : “Nous savons par
une expérience qui s’appelle la Révolution française qu’il ne faut
jamais désespérer et qu’un jour ou l’autre, dans notre pays de France,
la grandeur des événements répond à la grandeur de la pensée”[5]. »
On pourrait donc s’accorder sur le fait qu’il y a une forme de populisme
chez Mélenchon – comme chez Chávez ou Castro bien sûr. Encore faut-il
s’accorder sur ce que cela implique – non pas tant la croyance béate que
certain.e.s prétendent y voir dans l’absolue bonté des classes
populaires ou dans l’acceptabilité d’une violence qui leur serait
naturelle, mais « une certaine manière de critiquer, au nom du peuple,
l’ordre politique en place, ses partis et ses élites[6] ». Surtout, la
centralité de l’imaginaire révolutionnaire, et plus spécifiquement de la
Révolution française, nous astreignent à caractériser de manière plus
spécifique ce populisme ; le « peuple » auquel il fait appel est ce
sujet qui « détrônera la petite oligarchie des riches, la caste dorée
des politiciens qui servent leurs intérêts et les médiacrâtes qui
envoûtent les esprits » afin de décider, par le biais d’une assemblée
constituante, « de nouvelles règles de la vie commune »[7].
C’est en ce sens idéologiquement spécifique que Mélenchon peut affirmer
que « le peuple est le sujet de l’histoire contemporaine », et que « la
démocratie est donc la cornue incontournable et indépassable pour rendre
possible l’existence du peuple en tant que sujet de l’histoire »[8].
Cette histoire contemporaine débute avec la Révolution française, non
pour des raisons chronologiques conventionnelles, mais car le peuple,
ainsi entendu, est le sujet politique inventé par la Révolution
française et qui fonde notre modernité démocratique.
C’est à cette tradition républicaine française, qui a institué le peuple
souverain en tant qu’acteur de l’histoire[9], que Jean-Luc Mélenchon est
profondément attaché – une tradition qui puise ses racines dans
l’histoire révolutionnaire. Loin de malmener l’histoire et d’en faire,
comme tant d’autres, un roman à usage des haines contemporaines, l’homme
est très bon connaisseur d’une « histoire révolutionnaire particulière
qui fonde notre république[10] ». « La Révolution m’a habité toute ma
vie », a-t-il déclaré sur France Culture[11].
Le « populisme » ou la haine du peuple
Celles et ceux qui dénoncent un risque populiste ne font en général que
donner des habits neufs et plus « présentables », à une vieille haine,
l’agoraphobie[12]. Le rapport qu’entretient Mélenchon avec le concept de
populisme témoigne d’ailleurs des différences d’usage entre les
révolutionnaires latino-américains et ceux du Vieux Continent. En
Amérique latine, le terme, quoique né sous les auspices de la critique
sociologique de régimes « nationaux-populaires » (le péronisme et le
gétulisme) critiqués pour leur autoritarisme, a gardé, comme aux
États-Unis, une ambivalence sémantique du fait de son articulation aux
aspirations démocratiques des masses. Dans le sous-continent, le
populisme n’est guère une insulte, mais une tradition politique consolidée.
Aussi, après la rencontre avec Chávez en 2004, Mélenchon écrit sur son
blog : « On gagnerait sans doute à assumer l’accusation de populisme »
pour s’identifier « au peuple “populaire” face au mépris de caste de
ceux qui dénoncent le populisme »[13]. Une stratégie qui, en dépit de
quelques efforts de légitimation intellectuelle[14], n’a certainement
pas la même audibilité en Europe, où le populisme est assimilé à
l’extrême droite, tout en pouvant, par un tour de passe-passe rhétorique
et analytique, s’appliquer à la gauche radicale[15]. D’où la seule
occurrence du mot « populisme » dans L’Ère du peuple : « Quand on voit
qui manie l’accusation de « populisme » comme une injure sans être
capable d’en définir le contenu, on n’entend en fait que la voix des
bons quartiers qui se méfient des rues adjacentes, mal famées. La haine
du « populisme » n’est rien d’autre qu’un avatar de la peur du peuple[16]. »
Cette haine repose en partie sur le mépris de classe, mais aussi, comme
le souligne Mélenchon, sur une peur politique. Une peur des puissant.e.s
que l’on touche à un système dont iels profitent. La chose est ancienne
et bien documentée par les historien.ne.s. Mélenchon connaît ce
mécanisme et analyse assez justement que « le système n’a pas peur de la
gauche, il a peur du peuple ![17] ». La dénonciation implicite d’une
collusion des partis de gauche avec le système inclut un tel propos dans
le populisme tel que nous l’avons défini : le leader de LFI se place et
place son parti en décalage par rapport à un conservatisme commun à une
diversité de partis par-delà un certain nombre de différences (qui
peuvent du reste être très réelles). Il ne considère pas que la
légitimité tienne à la seule inscription dans la forme partisane qu’a
prise la république, mais analyse la très ancienne division – qu’on
trouve déjà chez Machiavel – qui fait du surgissement du peuple sur la
scène politique la base des évolutions radicales.
La peur du peuple a traversé les siècles. C’est la même peur face à la
Guerre des Farines en 1775, en 1789 à la Bastille, dans la bien nommée
Grande Peur de l’été, puis en octobre devant la marche des femmes. La
même peur encore devant l’apparition des Gilets Jaunes (GJ) en octobre
2018. S’il y a bien des continuités dans l’histoire française, c’est
avant tout celle de cette peur. Mélenchon s’en amusa au cœur du
mouvement GJ, soulignant que des références historiques resurgissaient
spontanément dans la bouche des commentateurs et commentatrices. Il
pointait ainsi dans un entretien qu’en pleine « crise » des GJ et à
l’occasion du débat à l’Assemblée nationale une de ses collègues avait
parlé du mouvement en disant « cette jacquerie. Alors, personne n’a
relevé, mais moi je me suis dit : comment, un mot a quand même traversé
l’histoire pour décrire toujours une entité populaire obscure,
indistincte, qui serait plus sauvage qu’autre chose ». Cette peur du
peuple, ancienne et sans cesse réactivée (y compris avec des références
historiques qui n’ont pas de pertinence sinon la peur commune des
possédants qui s’y exprima[18]), est un des moteurs de la dénonciation
d’un « populisme » formulé comme une insulte.
Mais c’est précisément à la réaction des puissants qu’on reconnaît qu’il
se passe quelque chose, que le peuple souverain se manifeste et reprend
sa place contre les formes de délégation qui l’ont oublié. Dans un
entretien, Mélenchon cite Blanqui sur ce point : « Blanqui a un très
beau texte sur les insurrections populaires. Il dit : ce qui est le plus
surprenant, c’est la stupeur des gens en place[19]. » Mélenchon ne dit
pas à quel texte il pense.
Mais la référence à Blanqui est significative, parce que de lui on
pourrait assurément dire qu’il fut « populiste », lui qui passa sa vie à
critiquer la mise en place d’une république bourgeoise oublieuse de la
république démocratique et sociale[20], lui qui fut sans cesse en butte
à l’hostilité de la bourgeoisie au pouvoir et s’identifia au peuple
prolétaire[21], dans une identification semblable à celle que Mélenchon
admire chez Evo Morales ou chez Robespierre[22].
Blanqui dénonça la peur qui tord les imaginations bourgeoises face à la
moindre revendication populaire. « On a, pour ainsi dire, dit Blanqui
aux bourgeois soumis au discours ambiant, montré en perspective à vos
imaginations une révolte des esclaves, afin d’exciter votre haine par la
crainte. » On vous a dit, ajoute Blanqui, que c’était « la guerre des
pauvres contre les riches », et qu’il fallait donc frapper avant de
l’être. « On ne cesse de dénoncer les prolétaires comme des voleurs
prêts à se jeter sur les propriétés : pourquoi ? Parce qu’ils se
plaignent d’être écrasés d’impôts au profit des privilégiés[23]. »
Réduire la dénonciation des injustices sociales, raciales ou de genre à
l’expression de la haine ou de l’envie est aujourd’hui un mécanisme de
défense banal pour les riches, les puissants et leurs défenseurs. Que la
dénonciation vise une personne et ses actes, ou une situation concrète
d’injustice, elle est ramenée à une incapacité à assumer l’échec. Ce
discours, on le voit, plonge ses racines très loin et remonte à
l’origine de toute revendication égalitaire. Des essayistes mondains,
comme Pascal Bruckner, vont ainsi clabaudant que la Révolution française
en particulier, mais aussi la démocratie en général, en promettant à
toutes et tous le droit au bonheur, ont ouvert les vannes de l’envie. Au
lieu de travailler à égaler le succès de celles et ceux qui l’ont
atteint, les pauvres préféreraient « les bouffées venimeuses de la
jalousie » et la dénonciation des riches[24].
Certains chercheurs et chercheuses valident du reste ce discours par des
analyses de savante apparence. C’est le cas de Marc Angenot, qui évoque
pompeusement une « axiologie invertie ou renversée, retournée », pour
désigner le soupçon que peut susciter une richesse excessive et la
dénonciation morale liée à cet excès-même. « L’axiologie de
ressentiment, écrit-il, vient à la fois radicaliser et moraliser la
haine du dominant. » Ainsi donc, ce n’est pas la réalité concrète d’une
situation qui produit une dénonciation morale et une demande de justice,
c’est la haine née de la frustration, de l’échec, de la faiblesse de qui
ne se sent pas capable d’affronter la concurrence, de « traverser la rue
» et de lutter pour se sortir de la pauvreté et rejoindre les dominants.
Nietzsche (un certain Nietzsche) est alors toujours appelé à la
rescousse comme caution philosophique : ce n’est pas au nom de valeurs
qu’est produite la critique, c’est la faiblesse, la souffrance
productrice de ressentiment qui est à l’origine d’une production de
valeurs[25]. Et celles et ceux qui sympathisent avec la demande
populaire et la portent sont accusé.e.s de flatter cette supposée haine
et d’être ce faisant populistes. « Ce n’est pas la première fois que les
bourreaux se donnent des airs de victimes », dit Blanqui[26], mais le
mécanisme fonctionne encore à plein chez les opposant.e.s à Jean-Luc
Mélenchon.
Elizabeth Burgos, présentée par L’Express comme la meilleure spécialiste
des gauches latino-américaines (les collègues universitaires travaillant
sur le sujet apprécieront…), assure que « Mélenchon assume sans pudeur
un populisme qui, selon les canons latino-américains, exacerbe le
discours victimaire et s’éloigne de la notion de citoyenneté au profit
des questions identitaires, communautaires, ethniques, religieuses. Ce
discours transforme les justes revendications des citoyens en une
politique du ressentiment, nourriture par excellence d’une guerre civile
latente »[27]. La peur empêche ainsi de voir qu’on est là dans le cas
d’un populisme inscrit dans un mouvement citoyen de participation à la
république représentative, qui n’a à peu près rien à voir avec les
fantasmes que se construisent les bourgeoisies effrayées.
Cette peur que ressentent et expriment les puissants quand le peuple
tente de soulever la chape de plomb qui le maintient dans l’obéissance
et la domination, on l’a vue fonctionner de manière presque comique au
printemps dernier, alors que les forces populaires s’unissaient derrière
la candidature de Mélenchon puis de la Nupes. Ces forces agissant dans
le cadre électoral de la république représentative ont été qualifiées
d’« extrêmes » par Elisabeth Borne, première ministre : « Face aux
extrêmes, nous seuls portons un projet de cohérence, de clarté et de
responsabilité », a-t-elle déclaré le 12 juin 2022, appelant « toutes
les forces républicaines à se rassembler » autour des candidats du parti
présidentiel.
Ce qui fait exister le peuple
La bourgeoisie s’affole donc et crie au populisme quand le peuple semble
prendre sa place sur la scène politique. Mais dans quelles circonstances
ce surgissement populaire se produit-il, selon Mélenchon ?
Le peuple dont parle Mélenchon n’est ni la nation, ni la classe
ouvrière. La première a été « hégémonisée » par la droite nationaliste,
dont le Rassemblement national est aujourd’hui l’héritier. La deuxième
est le sujet historique du marxisme, qui tend à mouler les formes du
sujet révolutionnaire sur les mécanismes économiques des sociétés
capitalistes.
Or, Mélenchon fonde sa stratégie politique sur un constat sociologique :
les sociétés globalisées du capitalisme tardif ne rendent plus possible,
à la suite des délocalisations industrielles et de la tertiarisation de
l’économie, la concentration des masses ouvrières, et par-là la
constitution d’un sujet politique dans les usines. Le travail – et plus
spécifiquement le travail industriel – perd sa centralité sociale, au
profit des villes : avec la croissance des flux urbains, les villes
deviennent les lieux de concentration par excellence du XXIe siècle, et
par-là les centres de la nouvelle conflictualité sociale. Entre les
luttes pour le « droit à la ville » des années 1980, les mobilisations
en Amérique latine pour les services publics contre les politiques
néolibérales, les occupations des places publiques dans le sillage des
Printemps arabes, c’est une même dynamique conflictuelle qui apparaît :
la constitution des « populations urbaines » en colère, sujet
trans-classe par excellence, en nouvel acteur politique.
Ce constat sociologique est ce qui différencie le « populisme »
mélenchonien de celui défendu par les théoriciens post-marxistes Laclau
et Mouffe, qui se basent sur une évolution socio-culturelle antérieure :
les nouveaux mouvements sociaux des années 1970[28]. D’où l’accent
mélenchonien sur les biens communs, l’espace en partage (à la fois
urbain et naturel) et les services publics comme horizon de convergence
des luttes, à la différence de Laclau qui insiste davantage sur la
pluralité socio-culturelle des revendications de droits constituant le
peuple. Les deux partagent, toutefois, cette « nécessité de construire
une latéralisation politique entre le peuple et l’oligarchie. Dans cette
configuration, le peuple et l’oligarchie s’affrontent par nécessité »[29].
La bonne connaissance par Jean-Luc Mélenchon de l’histoire
révolutionnaire française lui permet de réinscrire cette pensée de
l’unification du divers des dominé.e.s sous la figure du peuple, dans un
schéma de longue durée. Le mécanisme d’opposition à l’oligarchie pensé
par Laclau et Mouffe rappelle à bien des égards l’opposition du
Tiers-état dans sa diversité à l’aristocratie d’Ancien régime. Peuple ne
correspond à aucun groupe social donné a priori. À la fin du XVIIe
siècle, le Dictionnaire de Furetière considérait ainsi que « peuple » se
dit « plus particulièrement par opposition à ceux qui sont nobles,
riches, ou éclairés ».
Cette indétermination peut être une force, il est vrai : cette absence
de positivité, cette multiplicité, c’est ce qui apparaissait
particulièrement inquiétant aux sociétés d’Ancien régime qui se
représentaient le peuple sous la forme de l’hydre aux nombreuses
têtes[30]. Peuple ferait le lien entre du divers, entre le paysan,
l’artisan, le fonctionnaire, le prolétaire, l’intellectuel, l’installé
ou le migrant. Le mot peut donc servir à désigner la réalité sociale des
dominés, telle qu’elle existait antérieurement à sa simplification
relative sous la figure numériquement dominante de l’ouvrier produit par
la révolution industrielle et construit par le discours socialiste.
Albert Soboul a bien montré que les sans-culottes, qui ont constitué
l’essentiel de la main-d’œuvre oppositionnelle en révolution, étaient
des petits commerçants, des maîtres d’atelier, des artisans
indépendants, compagnons, journaliers. Ils ne formaient donc pas une
classe homogène mais un amalgame de groupes sociaux, petits
propriétaires et salariés. Mais Soboul les décrit comme ayant des
intérêts en commun et vivant ensemble[31]. C’est à eux, dans toute leur
diversité, que les bourgeois jacobins ont fait appel pour défendre la
Révolution.
Mélenchon et son parti entretiennent-ils avec la diversité de ce peuple
qui s’oppose à l’oligarchie un rapport semblable à celui des Jacobins
sous la Révolution ? C’est ce que certains craignent sur sa gauche.
L’historien Alain Cottereau a montré à partir du cas de Lyon en
Révolution, qu’il ne fallait peut-être pas confondre appels populistes
et volonté de mener une politique populaire. Il critique, de manière
virulente, ce qu’il appelle la « mythologie soboulienne » de la
sans-culotterie, qui accrédite l’idée d’un soutien ouvrier aux
révolutionnaires jacobins, sans tenir compte du fait qu’en réalité, si
les Jacobins lyonnais ont fait montre de populisme, ils n’ont jamais
réussi à être vraiment populaires et à représenter les ouvriers.
L’historien explique que le populisme se fait porte-parole des exigences
de justice sociale « mais à condition qu’il n’en soit pas tiré de
conséquences concrètes […] le discours de la justice sociale s’emballe
d’autant plus bruyamment qu’il est débrayé des liens sociaux
effectifs[32] ». Pour Cottereau, les meneurs ouvriers étaient d’ailleurs
hostiles aux Jacobins et leurs principaux chefs furent exécutés lors de
la répression terroriste (notamment Denis Monnet)[33].
Mais Mélenchon n’en reste peut-être pas à un tel populisme de façade. Il
est en tout cas impossible d’en décider tant qu’il n’a pas exercé de
responsabilités gouvernementales. Car son discours pointe vers une autre
figure du peuple, moins populiste au sens de Cottereau que réellement
populaire : la figure d’une plèbe s’auto-constituant dans l’action
contestataire ou révolutionnaire, et dont le point d’orgue politique est
la convocation d’une assemblée constituante.
« Le peuple, assure Jean-Luc Mélenchon, c’est la multitude urbaine
prenant conscience d’elle-même à travers ses revendications
communes.[34] » La tradition ici n’est ni libérale, ni marxiste ; elle
puise plutôt aux images d’auto-organisation du peuple en révolution, que
ce soit lors de la Révolution française ou des « révolutions citoyennes
» d’Amérique latine. Alain Cottereau a justement montré qu’à partir de
mai 1790 les maitre-ouvriers en soie de Lyon se sont désunis des
maître-marchands et se sont assemblés, prenant acte de l’abolition de
l’ancienne constitution de la communauté d’arts et métiers, pour
proposer une administration et un tribunal provisoires gérés par des
délégués ouvriers, qui vont inaugurer des formes de régulation
s’opposant au libéralisme économique mais aussi au jacobinisme.
L’historien montre que ces formes de régulation ont du coup été
occultées aussi bien par l’historiographie libérale que par
l’historiographie marxiste. Il rend également compte de l’invention d’un
espace public démocratique, qui n’est pas atomisation individualiste,
mais où les métiers introduisent des logiques politiques (qui
s’insinuent dans la domination économique de fait) et où les anciens
compagnons s’intitulent « citoyens-ouvriers » et « se font reconnaître
comme interlocuteurs, au titre de concitoyens émancipés »[35]. Ces
ouvriers proclament l’abolition de tout rapport de subordination de
personne à personne et affirment qu’aucun rapport n’est légitime s’il
n’est librement consenti.
On est ici dans une pure tradition républicaine, dans une transposition
des droits de l’homme, des exigences de liberté et d’égalité, aux
conditions de marchandage entre maître-ouvriers et marchands. Si à notre
connaissance Mélenchon ne cite jamais Alain Cottereau, la vision de ce
dernier imprègne en revanche clairement l’œuvre littéraire d’Éric
Vuillard, 14 juillet, que Mélenchon connaît bien et cite dans un
entretien[36].
On est dans une tradition républicaine qui pense ensemble et la
constitution politique d’un sujet collectif et l’émergence du sujet
politique individuel. Contrairement à ce que peuvent affirmer des
libéraux pensant pouvoir se réserver la figure de l’individu, Mélenchon
fait du mouvement politique le lieu d’« émergence de l’individu », de «
l’individu qui pour maîtriser sa vie veut prendre le pouvoir sur ce qui
la rend possible, [et ce faisant] change d’état. D’objet il devient
sujet. C’est le citoyen[37] ».
Une légitimité se construit alors dans les assemblées citoyennes et les
débats du peuple insurgé, en dehors de l’Assemblée nationale élue qui
n’en est que l’émanation : « Ce sont les actes politiques qu’il pose qui
font du peuple un sujet politique. La multitude devient peuple quand
elle fait ainsi acte de souveraineté[38]. » Car, « quand vous êtes dans
un moment d’insurrection massive, les gens sont à un haut degré de
conscience politique », assure Mélenchon[39].
Cette action citoyenne, Mélenchon en conçoit la possibilité, notamment
parce qu’elle est, pour ses acteurs et actrices, légitimée par la
mémoire des actions passées. L’intérêt de Mélenchon pour l’histoire
renvoie aussi à la certitude qu’existe un inconscient collectif
révolutionnaire sur lequel il faut pouvoir s’appuyer : l’histoire de
France nous met des « petits cailloux […], qui miroitent[40] ». La
Révolution française a été faite par des hommes et des femmes du XVIIIe
qui se prenaient pour des Romain.e.s, les révolutions du XIXe par des
hommes et des femmes qui se prenaient pour des sans-culottes, aussi le
peuple du XXIe siècle doit-il continuer à avoir en tête celui du XVIIIe
et ce qu’il a accompli[41].
La Révolution française apprend d’abord à ne jamais désespérer : ce qui
a été fait peut être refait. Dans son Discours du 20 mars 2022,
Mélenchon le réaffirmait : « Une fois encore vous avez répondu à l’appel
! celui de notre idéal commun, qui nous a animé de génération en
génération. Le voici remis une fois de plus dans vos mains, vous qui en
êtes les acteurs en même temps que les héritiers. » On est toujours «
acteurs et héritiers ». Un peuple politique est un peuple qui connaît
son histoire.
Cette vision d’une histoire qui fonderait le pacte républicain, d’un
peuple qui se constituerait par son adhésion à une histoire commune, est
particulièrement importante en France. Tout d’abord, elle a été au
fondement de la constitution de l’histoire en science au XIXe siècle :
l’un de ses artisans fut Jules Michelet, auteur d’une monumentale
Histoire de la Révolution française (1847-1853). Écrire à nouveau
l’histoire de la Révolution française, c’est pour lui bâtir une idée de
la République fondée sur la souveraineté du peuple : « Toute histoire de
la Révolution jusqu’ici était essentiellement monarchique […]. Celle-ci
est la première républicaine, celle qui a brisé les idoles et les dieux.
De la première page à la dernière, elle n’a eu qu’un héros : le peuple
»[42].
Le populisme intellectuel de Michelet remonte à son ouvrage Le Peuple,
écrit en 1846. Le but du livre n’est pas seulement, comme on l’a souvent
écrit par la suite, de dresser une sociographie du peuple français, mais
aussi et surtout de déconstruire le regard que les élites portent sur
lui, en l’affublant d’incompétence, d’irrationalité, de violence[43].
Rendre possible la constitution démocratique d’un peuple sujet de son
histoire : voilà la mission qu’il se donne, et plus généralement celle
des intellectuels populistes du XIXe siècle[44]. Pour que le peuple
puisse se voir dans son histoire, encore faut-il qu’il puisse se nommer
en dehors du langage avilissant et stigmatisant des élites (dont l’usage
ambiant du mot « populisme » fait pleinement partie). Une nécessité que
Mélenchon affirme à partir des plus pauvres et précaires dans le peuple
: « Il faut proposer une autodéfinition inclusive qui commence à elle
seule, et par elle-même la destruction du cadre des mots qui enferment
et relèguent politiquement ces populations. C’est aussi cela “être du
peuple”[45]. »
Or, cette sensibilité populiste n’est évidemment pas la même entre le
XIXe siècle de Michelet et le XXIe de Mélenchon : le premier part de la
misère rurale et ouvrière dans le cadre du capitalisme industriel et du
progrès technique (les machines asservissant les travailleurs) ; le
deuxième part des fractures sociales qu’engendre la ville globalisée,
dans le cadre d’un capitalisme avancé et d’une société « de réseaux ».
L’impulsion politique qu’on donne au peuple par le savoir historique
n’est pas la même : Michelet part du caractère intolérable du
paupérisme, qui guette la France rurale et industrielle ; Mélenchon part
du caractère inarrêtable des dynamiques d’agrégation urbaine, qui
guettent la France dans le monde globalisé. Les frontières sociales et
spatiales du « peuple » à faire ne sont pas les mêmes.
Il reste que l’histoire constitue un savoir privilégié dans cette
opération. Au-delà du cas de Michelet, c’est l’une des originalités de
la France que d’offrir un enseignement scolaire continu de l’histoire de
8 à 18 ans dans tous les cycles et les filières (d’où le tollé quand en
2011 a été supprimé l’enseignement de l’histoire en Terminale
scientifique – finalement rétabli en 2014). En mettant l’accent sur
cette histoire, Mélenchon montre une fois encore à quel point il
s’inscrit dans la tradition républicaine. Sa vigilance est forte devant
tout ce qui touche aux questions d’enseignement de l’histoire. Le peuple
se constitue dans et par cette histoire et cette mémoire, qui permettent
notamment selon lui d’agréger les enfants qui ne sont pas d’origine
française – selon une position qui est donc au plus loin d’un supposé
communautarisme que fantasment ses ennemis[46]. Pour lui, la fin d’un
système éducatif national au profit d’une éducation marchandisée « c’est
la fin de l’école républicaine, la fin du peuple un et indivisible
français[47] ».
C’est pourquoi Mélenchon est toujours particulièrement vigilant face aux
offensives de la propagande historique dans les médias. Ainsi en février
2013 écrivit-il, avec Alexis Corbière, une lettre publique et solennelle
à Rémy Pflimlin, Président de France Télévisions, pour souligner et
critiquer les mensonges historiques d’une émission présentée par Franck
Ferrand, constituant une charge grossière contre 1789 et banalisant
l’idée d’un génocide de la Vendée.
Permettre au peuple de conserver cette activité qui le constitue
Le populisme chez Mélenchon consiste alors en la perpétuation
dialectique de cette activité qui constitue le peuple et que le peuple
constitue. Il consiste dans le refus de renoncer à l’activité politique
pour un peuple une fois qu’il a voté. Le peuple ne peut exister de
manière épisodique dans le seul temps récurrent des consultations
électorales. Il doit « rester acteur de l’histoire[48] » et être
perpétuellement surveillant, ainsi que le concevaient les fondateurs de
la république à l’époque révolutionnaire.
Malgré leur diversité idéologique, la plupart des grands acteurs
révolutionnaires étaient d’accord sur le principe d’un contrôle de
l’Assemblée par le peuple. Dès 1790, Condorcet fut de ceux qui
cherchaient à établir un régime où la constitution aurait assuré aux
citoyens la possibilité de revenir sur des lois votées, avec la
conviction que la seule institution de représentants ne préserve pas de
la tyrannie. Son projet de Constitution, tel qu’il le présenta à l’hiver
1793, instituait une « censure du peuple » permanente sur la fabrication
des lois, en imaginant des mécanismes de réclamation et de réexamen des
projets de loi.
Marat assurait quant à lui que « les lois faites par nos représentants
ne peuvent être censées notre ouvrage, qu’autant que nous les aurons
librement et solennellement consenties, d’après un examen réfléchi[49]
». Robespierre formulait cela en 1793 comme un système également éloigné
« des tempêtes de la démocratie absolue » (où il n’est pas nécessaire au
souverain peuple de surveiller les gouvernants, puisque ceux-ci ne sont
pas séparés de lui) et « de la perfide tranquillité du despotisme
représentatif[50] »; il proposait un système où « le peuple ne peut pas
être un juge toujours en activité » mais où les délégués ne doivent pas
être « des despotes au-dessus des loi[51] ». Alors qu’aujourd’hui les
élus cherchent de plus en plus à faire de l’élection un blanc-seing,
Mélenchon formule un populisme défenseur de la sauvegarde d’un rôle pour
le peuple souverain face à l’Assemblée élue.
Cette permanence de la souveraineté républicaine du peuple, Mélenchon en
a rappelé le principe dans son discours récent du 20 mars 2022, évoquant
« la possibilité permanente pour le peuple d’intervenir à tout moment
lorsqu’il en réunit les conditions ». Les mécanismes proposés sont
notamment ceux du Référendum d’Initiative Citoyenne (dit RIC durant le
mouvement des Gilets Jaunes) par lequel les citoyen.ne.s peuvent
proposer des lois, et celui du référendum révocatoire pour faire partir
avant la fin de leur mandat des élus qui n’en auraient pas respecté les
termes (et dont la source d’inspiration était à la fois le chavisme
vénézuélien et les penseurs républicains de la Révolution française).
Bentham n’aurait pas dit le contraire en 1789 : « Qu’est-ce qu’une
élection ? C’est une déclaration solennelle qu’un tel homme jouit
actuellement de la confiance de ses commettants. Mais cette déclaration
ne renferme pas une vertu miraculeuse qui garantisse le caractère et les
actions futures de cet homme. Il est absurde de faire prononcer à tout
un peuple cette grave ineptie : « Nous déclarons que ces cinq cents
individus qui ont notre confiance actuellement, l’auront également,
quoiqu’ils fassent, tout le reste de leur vie »[52]. » Là encore,
Mélenchon remonte à la source de la république française.
Dans certaines circonstances, il lui est arrivé d’aller plus loin encore
et de faire référence au droit d’insurrection contre les autorités en
place inscrit dans la Constitution de 1793, et évoqué dans L’Ère du
peuple[53] – sans cependant qu’il soit possible de comprendre s’il
s’agissait d’une manière de nommer le RIC et le référendum révocatoire
ou de légitimer vraiment, ainsi que le concevaient les montagnards de
l’an II, la rébellion populaire.
Pour l’instant, ses propositions visent à institutionnaliser la colère
populaire. Face à l’éloignement des élites politiques, à leur repli sur
la sphère de leurs intérêts privés, à leur corruption croissante qui
nourrit le désenchantement démocratique, Mélenchon et LFI proposent une
importante modification constitutionnelle : une Assemblée constituante
chargée d’instituer une VIe République. Car « le peuple est constituant
où il n’est rien – comme Marx disait du prolétariat qu’il devait être
révolutionnaire ou bien qu’il ne serait rien[54] ».
Mélenchon et LFI ont en conséquence et encore une fois été accusés de
nourrir un ressentiment dangereux vis-à-vis du système républicain.
L’accusation fut là encore souvent de mauvaise foi. Ainsi, alors que
Mélenchon parlait, dans un populisme tout à fait classique et
républicain, de la nécessité « que le peuple s’empare, par une
Constituante, du grand coup de balai qu’il faut donner pour purifier
cette atmosphère politique absolument insupportable », certains ont
prétendu entendre qu’il y avait là une volonté de « purification » – mot
dont la charge sémantique et historique est évidemment puissante et
violente[55].
En réalité, le populisme mélenchoniste ne sort à aucun moment d’une
perspective légale, encadrée, institutionnalisée. C’est le
constitutionnalisme républicain qui la régit : un constitutionnalisme
qui rend aux républiques leur dimension instituante, non pas pour nier
leurs institutions ou les détruire, mais pour les faire évoluer avec la
conflictualité sociale. D’où, encore une fois, la passion de Mélenchon
pour l’histoire ! Au pays de De Gaulle, elle est devenue un capital de
légitimation pour les hommes politiques : les candidatures de Macron et
de Zemmour, sous des formes très différentes, l’ont montré.
Le cas de Mélenchon est quelque peu différent : l’histoire rassemble des
expériences politiques qui permettent de penser la transformabilité de
la République ; le passé rejoint le présent, et pressent le futur. Car
l’enjeu est de faire advenir un absent : ce peuple sujet de l’histoire,
qui doit en redevenir l’acteur pour faire la VIe République. Là est le
sens dernier du populisme de Mélenchon. Tant qu’on l’occultera en
fantasmant une inconsistante « menace » qui rapprocherait ce projet de
l’extrême droite, le dialogue se fera entre sourds. Notre République
risquerait alors de s’engoncer, encore davantage, dans un républicanisme
ultra-conservateur et myope, sans démocratie ni peuple. Et donc, aussi,
sans histoire.

Federico Tarragoni, sociologue, Maître de conférences à l'Université
Paris-Cité
Déborah Cohen, historienne, Maîtresse de conférences en Histoire moderne



Notes
[1] Jean-Pierre Robin, « Castro, Chavez… Mélenchon, l’apôtre des
dictateurs révolutionnaires », Le Figaro, 11 avril 2017.
[2] Voir L’Humanité du 6 mars 2013.
[3] Jean-Luc Mélenchon, Le Choix de l’insoumission, Seuil, 2016, p. 269.
[4] Jean-Luc Mélenchon, L’Ère du peuple, Fayard, 2016, p. 111-112.
[5] Jean-Luc Mélenchon, L’Ère du peuple, Fayard, 2014, p. 148 (2016, p.
118). Nous avons travaillé à quatre mains sur ce texte… et à deux
éditions de l’ouvrage de Jean-Luc Mélenchon. La seconde édition (2016)
étant non seulement augmentée mais profondément remaniée, il devenait
assez difficile d’harmoniser nos citations. Les lecteurs et lectrices ne
nous en voudront pas pour cette petite bizarrerie.
[6] Federico Tarragoni, L’esprit démocratique du populisme. Une nouvelle
analyse sociologique, La Découverte, 2019, p. 13.
[7] Jean-Luc Mélenchon, L’Ère du peuple, Fayard, 2016, p. 12.
[8]Ibid., p. 85, 149.
[9] Alexis Gales, « Mélenchon, de la Gauche au Peuple », Ballast, 10
mars 2015.
[10] Jean-Luc Mélenchon, L’Ère du peuple, Fayard, 2014, p. 19.
[11] Cité in Jean-Numa Ducange, « Les adieux à la gauche de Jean-Luc
Mélenchon. Portrait intellectuel d’un homme (politique) pluriel », Revue
du Crieur, 9, 2018, p. 48-63.
[12] Francis Dupuis-Déri, La peur du peuple. Agoraphobie et agoraphilie
politiques, Lux Humanités, 2016.
[13] Cit. in Valentin Soubise, « Théorie et pratique du populisme de
gauche chez Jean-Luc Mélenchon », Populisme, 2, 2022 (sous presse).
[14] Voir le dossier « Populisme/contre-populisme », Actuel Marx, 54, 2013.
[15] Federico Tarragoni, « Populism without fantasies », Ideology Theory
Practice, 24 janvier 2022.
[16] Jean-Luc Mélenchon, L’Ère du peuple, Fayard, 2016, p. 85.
[17] Jean-Luc Mélenchon, L’Ère du peuple, Fayard, 2014, p. 32.
[18] Sur l’absence de pertinence de la comparaison entre Gilets jaunes
et jacqueries médiévales, voir Gérard Noiriel, Les Gilets jaunes à la
lumière de l’histoire. Dialogue avec Nicolas Truong, Le Monde / éd. de
l’Aube, 2019, p. 28-32.
[19]Entretien avec André Larané, op. cit., à 32’52.
[20] Sur une république populaire et émancipatrice affrontée à la
république modérée, voir Samuel Hayat, 1848. Quand la République était
révolutionnaire. Citoyenneté et représentation, Seuil, 2014.
[21] On connaît sa fameuse réponse quand dans son procès de janvier 1832
interrogé par deux fois sur sa profession il répondit « Prolétaire ».
[22] Jean-Luc Mélenchon, L’Ère du peuple, Fayard, 2014, p. 31.
[23] « Défense d’Auguste Blanqui au procès des Quinze », 12 janvier
1832, in Auguste Blanqui, Maintenant, il faut des armes. Textes choisis
et présentés par Dominique Le Nuz, La Fabrique, 2006, p. 64.
[24] Pascal Bruckner, « L’envie est profondément liée à la démocratie »,
Le Figaro, 11 août 2011.
[25] Marc Angenot, « Nouvelles figures de la rhétorique : la logique du
ressentiment », Questions de communication, 12, 2007, p. 68.
[26] Auguste Blanqui, op. cit.
[27]L’Express, 29 mai 2022.
[28] Federico Tarragoni, « Le peuple selon Ernesto Laclau », La Vie des
idées, 3 novembre 2017.
[29] Jean-Luc Mélenchon, L’Ère du peuple, Fayard, 2016, p. 143 et sq.
[30] Déborah Cohen, Peuple, Anamosa, 2019.
[31] Albert Soboul, Les sans-culottes parisiens en l’an II. Mouvement
populaire et gouvernement révolutionnaire, 2 juin 1793 – 9 thermidor an
II, Librairie Clavreuil, 1958.
[32] Alain Cottereau, « La désincorporation des métiers et leur
transformation en “publics intermédiaires’’ : Lyon et Elbeuf, 1790-1815
», dans Steven Kaplan, Philippe Minard [éds], La France, malade du
corporatisme ? XVIIIe-XXe siècles, Belin, 2004, p. 36.
[33]Ibid., p. 34.
[34] Jean-Luc Mélenchon, L’Ère du peuple, Fayard, 2014, p. 119.
[35] Alain Cottereau, op. cit., p. 9.
[36] Entretien avec André Larané, op. cit., à 9’42.
[37] Jean-Luc Mélenchon, L’Ère du peuple, Fayard, 2014, p. 111-112.
[38]Ibid., p. 126.
[39] Entretien avec André Larané, op. cit., 16’.
[40]Ibid., 27’24.
[41] Voir Michèle Riot-Sarcey et Claudia Moatti, dir., Pourquoi se
référer au passé ?, Les Éditions de l’Atelier / Éditions Ouvrières, 2018.
[42] Jules Michelet, Histoire de la Révolution française, II, Gallimard
/ Bibliothèque de la Pléiade, 2019, p. 1097.
[43] Federico Tarragoni, « Le peuple et son oracle. Une analyse du
populisme savant à partir de Michelet », Romantisme, 170, 2015, p. 113-126.
[44] Comme Alexandre Herzen (1812-1870), fondateur du narodnischestvo
(populisme) russe, proche de Michelet à partir de 1851. Cf. Michel
Cadot, « Herzen et Michelet », Revue des Études Slaves, 78, 2007, p.
177-185.
[45] Jean-Luc Mélenchon, L’Ère du peuple, Fayard, 2016, p. 92.
[46] Sur cette visée « intégrationniste » de l’apprentissage scolaire de
l’histoire de l’émancipation populaire en France, voir l’article
d’Olivier Tonneau, « Muslim Citizens ! After the January 2015 Paris
Attacks : France’s Republicanism and its Muslim Population »,
International Journal of Public Theology, 21 sept. 2016.
[47] Discours du 20 mars 2022.
[48] Mélenchon au 20h de TF1 le 7 avril 2022.
[49]L’Ami du Peuple, n° 499, 24 juin 1791, cité par Raymonde Monnier, «
« Démocratie représentative » ou « république démocratique » : de la
querelle des mots (République) à la querelle des anciens et des modernes
», Annales historiques de la Révolution française, n° 325,
juillet-septembre 2001.
[50] « Sur la Constitution » (discours du 10 mai 1793), in Robespierre,
Pour le bonheur et pour la liberté. Discours, La Fabrique, p. 247.
[51]Ibid., p. 253.
[52] Jérémie Bentham, Tactique des assemblées législatives, suivie d’un
traité des sophismes politiques. Ouvrage extrait des Manuscrits, éd. Et.
Dumont, J. J. Paschoud, tome 1, 1816, p. 3.
[53] Jean-Luc Mélenchon, L’Ère du peuple, Fayard, 2014, p. 140.
[54] Jean-Luc Mélenchon, L’Ère du peuple, Fayard, 2016, p. 97.
[55] Voir Clément Sénéchal ; « Libération dévisse », in Le Grand Soir, 7
avril 2013, en ligne.





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