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6 février 2022

Le Monde diplomatique - Sueurs froides aux frontières de l'Europe. Le podcast du numéro de février - 5 février 2022 à 07:45

Michel Peyret <michel.peyret@gmail.com>

Sueurs froides aux frontières de l'Europe. Le podcast du numéro de février

Le Monde diplomatique <info-diplo@monde-diplomatique.fr> 5 février 2022 à 07:45
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Le Monde diplomatique
Un parcours sonore dans le « Diplo » de février 2022
Dans cet épisode : loterie des pauvres, bourgeoisie cool et front populaire avec Lucie Elven, François Bégaudeau et Pierre Rimbert, pour que les élections servent enfin à quelque chose. L'actualité internationale n'avait pas sa place à la télévision... jusqu'à ce qu'Alfred Hitchcock découvre l'Ukraine.
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James McNeill Whistler. - « The Angry Sea » (la mer en colère), 1884
 
Écouter cet épisode
 le podcast du « diplo »
Épisode 23. Avec Salomé Saqué. Réalisation : Maya Boquet.

On s'arrête, on réfléchit, et ça ruisselle.

Lucie Elven s'intéresse aux illusions démocratiques de la Loterie nationale britannique pages 4 et 5. Loto opéré par un consortium de cinq sociétés multinationales, Camelot Group, qui réalise plus de profits que Pepsi, Purina, Coca-Cola, Nestlé, Cadbury et Walkers réunis.

Depuis ce jour de 1994 où vingt-deux millions de téléspectateurs assistèrent au premier tirage historique de la Loterie nationale, celle-ci est devenue le fer de lance d'un système plus enclin à la philanthropie qu'au paiement des impôts, et qui ne serait pas fâché de remplacer les dépenses sociales publiques par des bonnes oeuvres privées.
« Qu'il frappe sous la forme du jackpot ou de la foudre, le pur hasard isole. »

Cet article sur la National Lottery est accompagné par un autre - « Les pigeons et les requins » -, consacré à l'histoire des jeux d'argent en France et à la récente libéralisation des paris et du poker en ligne : Winamax, Betclic et consorts, dont les profits ont bondi depuis le début de la pandémie.

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Le Caravage. - « Les tricheurs », vers 1594.

À propos de la Loterie britannique, la sociologue Emma Casey, citée dans le papier, suggère que :

La structure de la Loterie s'imbrique aisément dans la situation matérielle des femmes de la classe ouvrière. (...) Même si les gains sont rarissimes, le billet de loto est perçu comme un investissement vertueux et responsable, peu douloureux financièrement et « cohérent avec le type de routine et de comportement qui est généralement attendu des femmes chargées de la gestion de leur foyer ».

Vertueux, responsable, cohérent, et opposé au gaspillage qui sévit chez les classes supérieures.

« De son côté, l'intelligentsia très rationnelle de gauche n'est guère à l'aise avec la roue de la fortune institutionnelle, qu'elle traite de "taxe sur la bêtise". »

Histoire de ta bêtise : c'est le titre d'un livre de l'écrivain François Bégaudeau, qui nous a justement confié quelques pages de son dernier ouvrage, Notre joie, où il est question d'indignation, de comment politiser la colère en la refroidissant, et aussi de cette « intelligentsia très rationnelle de gauche » évoquée ci-dessus. Bégaudeau parle de lui.

 
Colère
par François Bégaudeau - Lu par Salomé Saqué
Je suis capable de froideur analytique ou d'ironiser sur des forfaitures parce que ma condition me tient à distance de la zone chaude de conflictualité. (...)

Le bourgeois anticapitaliste réinvestit dans l'enquête méthodique sur les rapports de classe la distance par quoi sa classe s'emploie à ne rien y voir. La froideur bourgeoise le prédisposait à l'insensibilité à la violence sociale, par une torsion biographique elle le dispose maintenant à l'analyser.

De l'enquête méthodique sur les rapports de classe vous trouverez en page 3 sous la plume de Pierre Rimbert. Qu'on écoute. Pour que les élections servent enfin à quelque chose.

 
Quelle coalition face au bloc bourgeois ?
par Pierre Rimbert - Lu par Blaise Pettebone

La question posée par Rimbert fait écho au dossier du mois dernier qui expliquait pourquoi la gauche perd en Europe. Parmi les raisons avancées : le délitement de l'alliance de classes qui avait prévalu tout au long du XXe siècle, à savoir l'union des classes moyennes progressistes et des couches populaires, la conjonction de l'indignation et de la politique, du chaud et du froid. Soit le sujet de Bégaudeau page 28. Qui conclut d'ailleurs ainsi son papier :

Je peux penser politiquement une situation d'urgence sociale parce que je ne suis pas dans cette urgence. Or seule l'urgence donne chair à la politique. Seule l'urgence dresse des barricades. Aporie toujours : pas de politique sans urgence, pas de politique durable sur la seule base de l'urgence.
« Pas de politique sans urgence, pas de politique durable sur la seule base de l'urgence. »François Bégaudeau, « Notre joie », 2021.

Wolfgang Streeck évoque d'autres urgences dans son analyse des dilemmes géopolitiques de l'après-Merkel pages 6 et 7. ll prédit que l'Allemagne acceptera de nouvelles formes de financement direct et indirect des États par la Banque centrale européenne, et notamment des règles moins strictes en matière de dette publique :

Selon Berlin, nulle réforme des institutions ni révision des traités ne serait requise pour atteindre ces objectifs, du moment que l'accroissement de la dette pourra se justifier par une situation d'urgence. Et les urgences ne manqueront pas.
 
L'Europe, cet empire dont l'Allemagne n'est pas sûre de vouloir
par Wolfgang Streeck - Lu par Anne Lenglet

Donc si l'on suit Streeck, et le propos précédent de Bégaudeau, il ne faut pas s'attendre à une ligne politique très claire. Car si Paris et Berlin sont partagés quant à l'attitude à adopter à l'égard de Moscou, la coalition allemande au pouvoir elle-même est divisée à ce sujet : l'Allemagne étant très dépendante de la Russie pour son énergie, et en même temps très hostile à Poutine à propos de la crise ukrainienne. Un dossier qui s'envenime depuis que le secrétaire d'État américain s'est exprimé devant le Sénat l'été dernier :

« Nous soutenons l'adhésion de l'Ukraine à l'OTAN. Nous travaillons tous les jours avec Kiev en ce sens. »Anthony Blinken, 8 juin 2021.

Cette crise fait l'objet de l'éditorial de Serge Halimi, centré sur les États-Unis et les budgets obèses du Pentagone : « rien de tel pour souder les élus républicains et démocrates qui le reste du temps s'affrontent et miment l'insurrection ou la guerre civile ».

 
Guerre et démocratie
Éditorial, par Serge Halimi - Lu par Renaud Lambert

Et d'une analyse de David Teurtrie, qui pose la question du moment choisi par Moscou pour engager ce rapport de force : « Pourquoi jouer ce jeu risqué, et pourquoi maintenant ? » Teurtrie qui souligne aussi combien les Européens sont pour l'instant hors jeu dans cette affaire, alors même que Paris et Berlin n'ont jamais été favorables à une adhésion de Kiev à l'OTAN !

 
Ukraine, pourquoi la crise
par David Teurtrie - Lu par Anne Lenglet

Les dépêches de l'Agence France-Presse (AFP) se succèdent depuis la mi-janvier. L'heure est à la psychose.

À l'heure de publier cet épisode, Washington annonce le déploiement de 3 000 militaires en Europe de l'Est, une décision qualifiée de « destructrice » par Moscou, tandis que le chancelier allemand et le président français manifestent leur intention de se rendre prochainement en Russie (AFP, 2 février).

On retrouve d'ailleurs le réalisateur de Psycho Alfred Hitchcock dans ce numéro.

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Philippe Halsman. - Alma Reville, la femme d'Alfred Hitchcock, devant une effigie en cire de son mari, 1974
© Philippe Halsman / Magnum Photos

S'il ne faisait pas de géopolitique, « le roi du suspense » avait en effet choisi de s'impliquer directement dans de grands débats sociaux, raconte l'historien de l'art et du cinéma François Albera page 27, grâce à des films courts produits pour la télévision américaine :

Ces films courts, réalisés dans des conditions de rapidité bien éloignées de celles du cinéma, sont autant de petites fictions aux chutes inattendues, qui partent toutes de situations de la vie ordinaire que vivent des gens ordinaires : relations au travail, au sein du couple, avec l'enfant, accident d'automobile, agression, harcèlement, viol, meurtre. C'est le monde du fait divers, assurant une identification maximale.

Mais Hitchcock ne se prononçait pas sur la politique étrangère, donc. Ce n'était pas son sujet. Or ce n'est pas non plus, et c'est autrement plus saugrenu, celui des journaux télévisés français contemporains. Ce qui ne laisse pas d'interroger.

 
Quand les médias se moquent du monde
par David Garcia - Lu par Blaise Pettebone

Pour rendre justice à cette enquête en une du « Diplo » de février, il nous faudrait entrer dans les détails, faire entendre Claire Chazal, David Pujadas, Michele Cotta ou encore Arlette Chabot... Or il nous faut rendre l'antenne. Nous verrons donc cela plus tard dans le mois avec David Garcia.

D'ici là, faites comme Hitchcock avec sa télé : cassez-la.

« Le "diplo", c'est chiant, comme la tambouille politicienne intérieure, d'ailleurs »Arlette Chabot, directrice de l'information de France 2 de 2004 à 2010, interrogée par David Garcia.
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Lire ou écouter cet épisode :

Sueurs froides aux frontières de l'Europe

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© Le Monde diplomatique, février 2022
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