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19 juillet 2022

★ L’EXTRÊME-DROITE ÉTEND SA TOILE Publié le 18 Juillet 2022 par Socialisme libertaire

★ L’EXTRÊME-DROITE ÉTEND SA TOILE

Publié le 18 Juillet 2022 par Socialisme libertaire

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« Hier encore, l’extrême-droite se présentait en tant que « victime » en dénonçant un prétendu complot médiatique qui la priverait d’accès à l’espace public. Pourtant, depuis le lancement de la campagne pour l'élection présidentielle de 2022, elle est quasi omniprésente dans les médias et parvient sans problème à imposer ses thèmes de prédilection, à dicter son calendrier politique à l’ensemble de la classe politique qui reprend, sans sourciller ses idées, ses discours et son vocabulaire.

Les fachos à la une ! 

C’est principalement l’expansion de l’empire médiatique du milliardaire réactionnaire et catholique traditionaliste Vincent Bolloré qui, en surexposant médiatiquement son candidat raciste, sexiste et homophobe : Éric Zemmour, nous inflige sa vision du monde, reposant essentiellement sur la peur et la haine de l’autre (immigré∙es, musulman∙es, juif∙ves ou LGBT) et l’exaltation de la nation française.
Cet exemple montre plus qu’un autre, du fait de ces accointances avec l’extrême-droite, que la lutte contre l’appropriation capitalistique structurelle des moyens d’information relève de l’urgence. Mais bien au-delà du seul cas de l’empire Bolloré, il s’agit d’alerter sur les dangers de l’appropriation des médias par des groupes industriels, car les grands capitalistes, propriétaires de médias (Bouygues, Dassault, Niel…) ont toujours exercé leur influence sur la vie politique française.
La banalisation des idées d’extrême-droite n’est pourtant pas un phénomène récent. C’est au cours des années 1980 et 1990 que le traitement de l’information-spectacle s’est imposé dans les médias dans le souci de faire de l’audimat et d’engranger le plus de revenus publicitaires possible. Nous avons donc assisté à la multiplication des Unes obsessionnelles sur l’Islam radical, l’accumulation de faits divers sordides, ainsi que l’enchainement de reportages stéréotypés stigmatisant les habitant∙es des quartiers populaires afin d’exciter la peur. Cette tendance s’est retrouvée particulièrement amplifiée dès 2015 par des campagnes médiatico-politiques ultraréactionnaires. Aujourd’hui, le combat contre le « wokisme », nouvel épouvantail idéologique de la droite identitaire, prends le relai et occupe une bonne partie des ondes.
Ces emballements médiatiques, outre qu’ils déforment le réel, font diversion et marginalisent les vrais sujets sociétaux et politiques (pauvreté, inégalités, exclusions, etc.), et promeuvent les idées d’extrême-droite.

Le retour de l’extrême-droite radicale 

L’autre grave conséquence de la progression de l’extrême-droite et de la diffusion de ses idées réactionnaires dans la société, est qu’elle encourage l’action des groupes violents. Ces groupuscules, outre leur propagande fasciste, appellent à s’en prendre violemment à des lieux de culte (mosquées et synagogues), à des lieux qu’ils associent à l’immigration ou identifiés « de gauche ».
En effet, pour faire leur campagne, les Zemmour et Le Pen ont besoin de militant∙es expérimenté∙es, et ce sont ces groupes violents que les deux candidat∙es accueillent à bras ouverts pour effectuer leurs collages et diffuser leurs tracts. C’est par exemple le Parti de la France (PdF) ultranationaliste et proche du mouvement skinheads en France qui a offert ses services à Zemmour. On trouve également au Rassemblement National (RN) des militant∙es voire des cadres, ancien∙nes membres du GUD (Groupe Union Défense) autant connu pour sa radicalité politique violente que pour ses frasques avec la justice. De plus, malgré la dissolution du mouvement Génération Identitaire pour sa violence et son racisme, Zemmour n’hésite pas à laisser apparaître Jérémie Piano, ancien porte-parole de GI à ses côtés lors de son déplacement à Marseille fin novembre 2021. Quant aux « Braves » de Daniel Conversano, ils se mobilisent aussi pour Zemmour. En effet, l’influenceur d’extrême-droite en a fait son candidat, séduit par son programme de « remigration ». Sans oublier, évidemment, les « Zouaves Paris », identifié∙es en train de frapper des militant∙es de SOS Racisme au meeting de Zemmour à Villepinte. Enfin c’est également les réseaux cathos de la « Manif pour tous » qui se sont mis au service du candidat Zemmour. Émanation politique du mouvement d’opposition à la loi pour le mariage pour tous, le mouvement conservateur est passé au service de la Zemmourie. Comment pourrait-il en être autrement ?
Des membres de ces groupes n’hésitent même plus à s’afficher sur les réseaux sociaux avec des symboles nazis et des armes Certaines organisations comme Génération Identitaire ou les Zouaves ont été dissoutes en raison de leur violence et de leurs actes racistes. D’ailleurs, nombre de leurs membres sont ou ont été militaires. C’est le cas de Loïk Le Priol, ancien commando marine et adhérent du GUD, qui a fondé la marque de vêtement : « Babtou solide » et qui a été mis en examen pour avoir tabassé et torturé en mars 2015 l’ancien chef du GUD, en compagnie du nouveau. Il est actuellement suspecté d’avoir assassiné le rugbyman international argentin Federico Martín Aramburú le 19 mars dernier…
Idéologiquement, ces militant∙es radicaux∙ales s’abreuvent de livres publiés dans de nouvelles petites maisons d’édition protégées par la droite extrême. Ces petits éditeurs engagés dans la droite radicale font florès avec ses thèmes de prédilection comme le « déclin français », la « menace migratoire », le « danger de l’islam » ou « l’effondrement de la masculinité ». Nous connaissions déjà depuis longtemps la maison d’édition KontreKulture, fondée par Alain Soral, qui publie des essais antisémites ainsi que des auteurs de la pensée marxiste ou libertaire, comme David Thoreau ou Mikhaïl Bakounine afin d’ajouter au confusionnisme. Citons également la maison d’édition Ring fondée en 2012 par David Serra et qui publie les bandes dessinées de Marsault, un proche de Papacito (connu pour avoir posté une vidéo dans laquelle il met en scène le meurtre fictif d’un électeur de La France Insoumise, représenté par un mannequin, sous couvert de dérision), avec qui il collabore régulièrement. Depuis le confinement, l’éditeur Culture & Racines publie des auteurs comme Piero San Giorgio, Modeste Schwartz, Vol West, Pierre-Antoine Plaquevent, Frédéric Delavier ou encore Lucien Cerise. Enfin, les éditions Hétairie fondée en 2020 par Julien Rochedy, l’ancien président du FNJ et ami du précité Loïk Le Priol, ont publié en 2021 : "Veni Vidi Vici : menace sur les gauchistes".
Heureusement, le nombre de ces individu∙es dangereux∙euses, présent∙es dans ces groupuscules de droite identitaire violents, reste faible à ce jour. Cependant ces groupes ont adopté une nouvelle stratégie organisationnelle, contournant leur dissolution par la constitution de réseaux locaux, particulièrement présents sur Internet où leur influence croissante sur YouTube, Tiktok ou Instagram, est un vecteur privilégié pour tenter de recruter de nouveaux∙elles sympathisant∙es.

La nouvelle « faschophère »  

Si l’extrême-droite est aussi efficace et bien installée dans l’espace médiatique, c’est parce qu’elle a compris, très tôt, tout le potentiel qu’offrait Internet. Elle y a créé ses propres espaces de discussion, recruté ses porte-parole et formé de jeunes militant∙es peu attiré∙es par l’offre politique « classique ». Cette nébuleuse, qu’on appellera volontiers « fachosphère », peut paraître divisée et marginale… En réalité elle est de plus en plus solide et sa capacité de nuisance, toujours plus importante. Ses outils sont à l’image d’Internet : en perpétuelle évolution. De la conférence sur Twitch aux reportages sur Livre Noir en passant par les campagnes de troll et les raids antiféministes, les fachos 2.0 s’en donnent à cœur joie.
Alors que dans les années 2000-2010, l’extrême-droite sur Internet était encore dominée par des figures plus « traditionnelles » comme Alain Soral et Dieudonné, caractérisées par un antisémitisme obsessionnel, certain∙es influenceurs∙euses ont commencé à investir les nouveaux réseaux sociaux et ont ainsi préfiguré le virage de la « fachosphère » à l’exemple de Valek. qui s’est fait connaître par ses vidéos se voulant humoristiques. Aujourd’hui suivi par 370.000 abonnés sur Youtube, son propos est volontairement masculiniste, misogyne, insultant et nationaliste. Il intègre à ses vidéos de nombreuses références à la sous-culture du forum 18-25 de Jeuxvidéo.com.
Autre exemple tout aussi significatif, la création en 2014 par Martial Bild, ancien cadre du Front national, de TV Libertés, une Web TV présente sur YouTube et dirigée aujourd’hui par Philippe Milliau, ancien dirigeant du mouvement de droite radicale Bloc Identitaire. Les contenus de la chaîne sont explicitement d’extrême-droite et les dirigeant∙es de la chaîne se targuent de se libérer du politiquement correct.
Mais, plus récemment encore, des influenceurs∙euses se revendiquant de l’extrême-droite ont fait d’Internet un instrument de reconquête culturelle et politique. C’est par exemple le cas de Baptiste Marchais, catho-nationaliste revendiqué, avec sa chaîne YouTube qui compte 230.000 abonnés, favorisé par son passage dans l’émission télévisée de Cyril Hanouna sur C8. Le principe de son émission est simple : il est assis à table et discute avec un invité autour d’un repas « traditionnel » français. Mais l’intérêt réside dans la liste de ses invité∙es qui compte des personnalités comme Jean-Marie Bigard, le youtubeur d’extrême-droite Le Raptor, l’ancien du FNJ Julien Rochedy, l’auteur de BD réactionnaire Marsault, Thaïs d’Escufon figure de Génération Identitaire, ou encore le Youtubeur Papacito. Les thèmes abordés tournent autour de la nation, du patriotisme, des armes, de la tradition française, de la virilité et du catholicisme. Cependant, en recevant dernièrement le boxeur français Jérôme Le Banner, icône du Kick-boxing, Marchais révèle sa stratégie de vouloir recruter au-delà de son petit monde fasciste. Les individu∙es comme Marchais font du « soft power » une arme pour défendre l’hégémonie de leurs idées.
C’est également le cas pour Estelle RedPill qui a commencé ses vidéos sur TikTok durant le confinement. Son pseudo fait référence à la « pilule rouge » du film Matrix devenue le symbole de la conversion à l’idéologie de l’extrême-droite américaine. Et cela semble fonctionner car tandis que seulement 4% des influenceurs∙euses atteignent la barre symbolique des 100.000 abonné∙es sur TikTok, Estelle RedPill faisait partie d’un cercle très fermé avec ses 120.000 followers. Face à son public, que ce soit sur TikTok ou sur ses autres réseaux sociaux, elle prône un discours basique et raciste. Sa stratégie pour faire passer ses idées : utiliser « les codes des Instagrameuses ».
L’influence de la « fachosphère » n’est malheureusement plus marginale car l’extrême-droite, grâce à sa maîtrise des nouveaux médias, a désormais la capacité d’infiltrer l’espace public en général. En effet, cette droite radicale et violente a massivement investi Internet et l’ensemble des plates-formes numériques dans une logique de contre-hégémonie culturelle, notamment par l’intermédiaire de YouTube ou des jeux vidéo. Ainsi les positions extrémistes se banalisent et l’imaginaire politique qui va avec se répand dans l’espace public.

S’organiser pour mieux contrer 

C’est en premier lieu la soumission du monde médiatique aux contraintes capitalistes et aux rapports de concurrence commerciale qui est la source principale du phénomène de banalisation des idées de droite et d’extrême-droite dans la société française. En effet, avec la concentration générale des médias qui s’intensifie dans la quasi indifférence, il n’est pas étonnant que des médias, soumis à la rentabilité, nous servent à longueur de journée de la haine, du racisme et de la xénophobie, CNews en tête, et roulent au final pour Zemmour.
Face à cette banalisation des discours et des idées d’extrême-droite, il faut bien évidemment être critique et dénoncer ce processus. Mais cela n’est malheureusement pas suffisant, il faut également se mobiliser, dans la rue, dans les collectifs de lutte, dans les syndicats, au boulot, à la fac, au lycée, dans sa famille, dès que cela est possible, et s’engager dans la lutte concrète contre la « fachosphère ». Nous ne pouvons pas nous laisser intimider et nous ne pouvons pas laisser les discours racistes, homophobes, sexistes et nationalistes s’exprimer en toute impunité, car c’est notre devoir. »
 

« Ne perdez pas de temps dans le deuil. Organisez-vous ! » Joe Hill   
 

★ L’extrême-droite étend sa toile
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