Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
avec marx
13 février 2022

Jean-Jacques LAGARDE - Panorama des gauches, de France et d’ailleurs. Mort des gauches ? (Première partie)

Panorama des gauches, de France et d’ailleurs. Mort des gauches ? (Première partie) vendredi 11 février 2022 par Francis Arzalier (ANC)

Boîte de réception
Jean-Jacques LAGARDE
12 févr. 2022 11:33 (il y a 23 heures)
 
À
Pour la réflexion, la discussion et l'action
Panorama des gauches, de France et d’ailleurs. Mort des gauches ? (Première partie)

vendredi 11 février 2022 par Francis Arzalier (ANC)

L’essentiel pour l’instant est de reconstruire en France une Force communiste, cohérente et organisée, en rupture avec l’électoralisme et l’opportunisme de trahison du passé, qui soit capable de renouer le lien brisé avec l’ensemble des citoyens qui n’ont que le fruit de leur travail pour vivre, en étant le porte-parole de leurs revendications, en matière de salaires et pouvoir d’achat, de protection sociale, de libertés civiles et collectives.
Avec un engagement sans concession pour une société nouvelle, socialiste, dont la règle sera le service public, pour un monde de paix, pour l’égalité entre les humais et entre les peuples, contre l’Impérialisme et toute forme de xénophobie raciste.

Depuis des années, le complexe médiatique libéral, privé et d’État, qui s’efforce de formater l’opinion française à sa guise, nous annonce avec un grand sourire satisfait ; La Gauche est en déclin, irrémédiablement, elle se meurt au profit du duel entre les Macroniens, Centristes de bon sens (« ni Gauche, ni Droite ! »), et de farouches “Populistes” qui menacent la Démocratie qui est la nôtre ! Ces billevesées ont déjà permis au Président actuel de se faire monarque en 2017, on nous les ressort aujourd’hui pour le même objectif.

Encore faut-il pour juger valablement de ce « désastre annoncé », définir avec précision les concepts de Gauche et de Droite, et leur origine historique. Ils sont nés de la Révolution de 1789, quand la France se dota d’un régime parlementaire : les députés prirent très vite l’habitude de se rassembler à gauche du Président de l’Assemblée quand ils étaient désireux de réformes et plus tard de la République, alors que ceux attachés au statu quo, au Roi et son droit de veto siégeaient à sa droite. Ce clivage se pérennisa au XIXème siècle, entre Conservateurs et réactionnaires nostalgiques du passé qu’on disait de Droite, et ceux aspirant aux progrès sociaux et politiques qu’on qualifiait de Gauches.
Et ces concepts furent repris jusqu’à nos jours dans les autres pays d’Europe et d’Amérique, avec plus ou moins de pertinence (ainsi, aux USA, le Parti Démocrate n’est pas « à Gauche » du Parti Républicain, comme on le dit dans les rédactions parisiennes, mais simplement son concurrent électoral !)

Dès sa naissance, le concept de Gauche a toujours recouvert des idéologies multiples, et parfois opposées : Robespierre et Saint Just, rêvant d’égalité sociale et politique ont été renversés par une majorité de députés « de Gauche » en 1794, Clémenceau, bourgeois républicain de 1900 qui fit tirer sur les ouvriers en grève s’opposait aux Socialistes, et le PCF sut résister vigoureusement aux Gouvernements SFIO en 1947 et 1956, qui organisaient la répression anti-syndicale et les guerres coloniales.

Depuis le XIXème siècle, l’analyse des courants politiques s’est enrichie de vocables plus précis, qui précisent rationnellement l’éventail des « plus à gauche » aux « plus à droite ».

Les premiers peuvent être considérés comme « révolutionnaires », parce qu’ils aspirent à une disparition totale du système politique et social actuel, et des inégalités qui lui sont consubstancielles, et pour l’instauration d’un système social et politique plus égalitaire entre les hommes et entre les peuples, politiquement démocratique, reposant économiquement et socialement sur la propriété collective des moyens de production (qu’on nomma le Socialisme).

Depuis deux siècles, ces courants se dont incarnés dans l’idéal communiste, d’inspiration marxiste, ce qui n’interdit pas une certaine diversité, d’un pays et d’une époque à l’autre. Ces courants révolutionnaires, auxquels nous nous référons obstinément, sont affaiblis depuis la fin du XXème siècle, notamment dans nos pays développés d’Europe occidentale, par contrecoup de l’effondrement de leur incarnation soviétique, mais plus encore du démantèlement de la classe ouvrière industrielle par les délocalisations organisées par le Capitalisme en mutation, alors qu’elle y était depuis deux siècles son vivier matriciel.

Le second courant a souvent été qualifié de réformiste, car tout en voyant comme les précédents les inégalités sociales et politiques de la société capitaliste, ses tenants craignent les brutalités d’une Révolution, et prônent des réformes successives aboutissant progressivement à une société meilleure, qualifié au siècle dernier « d’État providence ». Raisonnement spécieux, et pratique souvent hypocrite, justifiant toutes les dérives opportunistes : Ce « Réformisme » s’est incarné durant le siècle XX dans les Partis Socialistes, la Social-Démocratie.

Tout au moins jusqu’aux années 1970, car ensuite, les uns après les autres, les Partis Sociaux-démocrates abandonnèrent toutes leurs références antérieures au marxisme, et à la classe ouvrière, et se convertirent ouvertement à l’idéologie libérale, aux dogmes de la « liberté d’entreprise », au point de gouverner la majorité des nations d’Europe au profit de la bourgeoisie. Tant et si bien que certains se refusent aujourd’hui à les cataloguer de Gauche, un vocable qui leur paraît limité à l’anti-Capitalisme.

Quant aux diverses Droites, elles sont plus faciles à cerner, malgré leur diversité, elles sont essentiellement composées de Conservateurs, c’est à dire de ceux convaincus qu’il faut perpétuer la France telle qu’elle est, son économie capitaliste saupoudrée d’élections régulières, et que toute mutation sociale ou politique profonde présente plus de risques que d’avantages.

Autre composante des Droites, les Réactionnaires : un vocable qui, au-delà de son utilisation en tant qu’insulte, qualifie ceux nostalgiques du passé, et tous ceux désireux d’en rétablir certains aspects. Durant les épisodes républicains du XIXème siècle, les réactionnaires étaient Monarchistes, et dans les années 1930 proches des Fascismes, aspirant à « tuer la Gueuse » républicaine, et ses conquêtes sociales et politiques.

En 2022, les candidats que l’on qualifie d’Extrême Droite, sont profondément réactionnaires, nostalgiques du pire dans le passé de la France, de la xénophobie raciste coloniale et de l’autoritarisme des Fascismes d’antan. Mais on peut remarquer à quel point ce marquage est plus précis que le clivage « Gauche-Droite », dont la pertinence s’en tient au positionnement électoral.

Macron, Président de la France choisi par le CAC40, a consacré son quinquennat à réaliser et programmer des « réformes » (retraites, indemnités-chômage, sécurité sociale, destruction et privatisation des services publics, de santé, de l’énergie, etc…) qui ne consistent qu’à effacer les conquêtes sociales de 1945, comme le prônait le CNPF il y a déjà 20 ans. En ce sens, Macron et ses comparses, bien que catalogués au Centre, ni Gauche ni Droite, sont parfaitement réactionnaires.

Il faut ajouter à ces précisions sémantiques que les mots sont souvent pervertis par les politiciens et les manipulateurs des idéologies. En publicité par exemple, il y a longtemps qu’une lessive supposée laver plus blanc est qualifiée sans vergogne de « révolutionnaire ». Mais, pire encore dans le dévoiement des mots, le candidat Macron en 2017 n’hésita pas à baptiser son livre-programme « Révolution « , alors qu’il s’agissait de l’inverse !
Les médias dévoués à la vulgate libérale nous abreuvent depuis des décennies de leur enthousiasme pour les « Révolutions orange », qui amenèrent au pouvoir en Ukraine où Géorgie Droite ou Extrême-Droite, au service du Capitalisme Occidental et indigène, et qui furent donc d’authentiques Contre-Révolutions.

Le champ de ruines français

Quelques semaines avant le scrutin présidentiel de 2022, les sondages se bousculent, qui annoncent tous l’éparpillement et l’atomisation des suffrages de Gauche : une candidate du PS réduite à moins de 3%, un Vert à guère plus, juste punition de leur allégeance à la doxa libérale.
Pas de quoi se désoler, si cette léthargie ne s’étendait aussi aux candidats qui se référent peu ou prou à l’anticapitalisme, et aux combats de classe.
Mélenchon, qui a profité durant deux scrutins successifs de l’absence suicidaire d’un candidat Communiste pour rassembler les fois précédentes un électeur sur 5, frôlerait cette fois ci péniblement les dix pour cent, et Roussel, fringant postulant pour un PCF en petite forme, risque fort de ne pas recueillir les cinq pour cent qui assureraient la survie financière de son parti. Et ce ne sont pas les algarades jalouses et autres foucades démagogiques de chacun des protagonistes de la « Gauche radicale » qui vont stopper cette course à l’abîme.

Alors que parallèlement, le tiers au moins des électeurs prévoient de ne pas voter, et que l’extrême-droite xénophobe rassemblerait le tiers des suffrages pour la première fois de l’histoire de France, essentiellement dans les milieux populaires !

Parmi les candidats qualifiés de Gauche par nos médias, il faut avoir l’aveuglement délibéré d’une Christiane Taubira pour ne pas discerner des divergences idéologiques irréductibles. Elles sont d’abord inhérentes au ralliement de la plupart d’entre eux à l’idéologie libérale, aux dogmes du Capitalisme contemporain, la « liberté d’entreprendre » et d’exploiter par ceux qui possèdent les moyens de produire et d’échanger, sous une façade qualifiée de démocratique parce qu’elle permet des élections périodiques, si peu représentatives que la majorité des citoyens s’apprête à les bouder.
C’est évidemment le cas du Parti Socialiste, qui s’illustra quand il fut au gouvernements successifs ( Mitterrand, Mauroy, Jospin, Hollande…) par de constantes privatisations et démantèlement des services publics. C’est le cas tout autant des Écologistes, qui ont durant des décennies facilité la destruction par les Capitalistes des industries nationales, délocalisés vers les contrées à bas salaires et fort taux de profit, et qui ne proposent que de peindre en vert l’exploitation de l’homme par l’homme.
Quant à Taubira, la dernière venue dans la compétition, elle a tenu d’emblée à marquer son incompatibilité avec le candidat communiste Roussel, en ne l’inscrivant pas dans les candidatures « de Gauche » qu’elle soumettait sans leur accord à sa « Primaire » !

Car la différence fondamentale entre les deux Gauches se limite aujourd’hui, plus que jamais, à l’allégeance plus ou moins décomplexée des uns (PS, Radicaux, Écologistes) au système capitaliste, et l’affiliation plus ou moins conséquente des autres (PCF, Insoumis, LO, etc…) à l’anticapitalisme.
Faut-il en conclure comme certains auteurs que le concept de Gauche n’a plus de pertinence idéologique aujourd’hui, ou que seuls la méritent encore les héritiers des grands ancêtres de 1793, des Communards et des héros de 1917 ?
Le débat reste ouvert, car au sein même de ces événements révolutionnaires, l’idéologie libérale était déjà présente, des futurs Thermidoriens aux partisans soviétiques de Boukkharine en 1925…

Une seule conclusion dramatique découle de l’état actuel de l’opinion française exprimée par les sondages pré-électoraux en février 2022 : l’ensemble des DEUX Gauches françaises ne rassemble aujourd’hui qu’un électeur sur 10 ou 15, puisque 70 % des inscrits prévoit de ne pas aller voter en mars 2022 !
Disons les choses clairement : Nous ne gémirons pas de voir le Parti Socialiste, le parti Radical de Taubira, et l’outsider Écologiste libéral plafonner à moins de 5 pour cent des suffrages exprimés. Mais cet effondrement touche aussi de plein fouet les candidats qui ont encore quelques héritages marxistes et une certaine nostalgie des luttes ouvrières d’antan.

Le candidat du PCF aura bien du mal à grimper aux 5% nécessaires au remboursement des frais électoraux. Et Mélenchon pour les Insoumis n’arrive péniblement à atteindre 10/100 des votants prévisibles (1 électeur sur 15 ou 20 !) que du fait de ses prestations aux précédents scrutins, et à sa démagogie attrape-tout, notamment en matière d’environnement, quand il pourfend l’industrie nucléaire, comme les tenants « bobos » de la mort industrielle de la France.
Quant aux divers groupes marxistes susceptibles de produire un candidat (PRCF, PrC, LO, etc…), ils sont carrément inaudibles, confrontés dos au mur au tsunami médiatique libéral.

La raison de cet effondrement, qui fait des héritiers français du passé révolutionnaire des groupes marginaux, confrontés à la glissade de ses anciens soutiens prolétariens vers l’abstention délibérée, voire l’extrême droite xénophobe, n’a rien de mystérieux. Elle a suivi l’effondrement piteux de l’espoir incarné par l’URSS, d’autant qu’il s’est doublé du démantèlement de la classe ouvrière de France par les délocalisations. :

Elle est la sanction méritée de la participation et du soutien du pcf aux gouvernements socialistes dès la présidence Mitterrand, et à leur politique de destruction des services publics au profit de la bourgeoisie, sous le vocable d’union de la gauche.
Cette dérive idéologique s’est aggravée et pérennisée avec la « mutation Robert Hue »de fin de siècle, livrant la direction du pcf aux bureaucrates carriéristes et électoralistes, sans autres objectifs que de conserver leurs prérogatives personnelles.
Le passage de relais électoral de la force communiste organisée d’antan à une structure plus lâche, « mouvementiste », comme les insoumis, n’a fait que retarder cette sanction historique de quelques années.
La reconstruire est une tâche nécessaire, qui exigera du temps, du travail réfléchi au-delà de tout sectarisme, au sein de toutes les luttes populaires contre le capitalisme.

Les élections présidentielles de 2022 ne sont pas « la Fin de l’Histoire » française. À peine un épisode du conflit multi-séculaire entre les tenants du Capital et de la Bourgeoisie dirigeante, et ceux qui contestent leur pouvoir. Tout en sachant que nous n’en sortirons pas vainqueurs, compte-tenu du contexte, nous ne pouvons pas nous en désintéresser, et y participerons avec lucidité. D’autres luttes suivront, électorales comme les Législatives suivantes, mais aussi dans les rues, les quartiers, et les entreprises. Nous en serons….

L’essentiel pour l’instant est de reconstruire en France une Force communiste, cohérente et organisée, en rupture avec l’électoralisme et l’opportunisme de trahison du passé, qui soit capable de renouer le lien brisé avec l’ensemble des citoyens qui n’ont que le fruit de leur travail pour vivre, en étant le porte-parole de leurs revendications, en matière de salaires et pouvoir d’achat, de protection sociale, de libertés civiles et collectives.
Avec un engagement sans concession pour une société nouvelle, socialiste, dont la règle sera le service public, pour un monde de paix, pour l’égalité entre les humais et entre les peuples, contre l’Impérialisme et toute forme de xénophobie raciste.

10 février 2022

RépondreTransférer
Publicité
Publicité
Commentaires
avec marx
Publicité
Archives
Publicité